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Rwanda : gisement de TIC ?

Décembre 2000

Un article du journal anglais en ligne Guardian Unlimited, daté du 14 décembre 2000, commente sous un titre très à la mode ("Net brings new hope to Africa") les efforts du Rwanda pour s'insérer dans la révolution informationnelle.

Le discours gouvernemental de février sur ces efforts reprend les poncifs en la matière : les TIC proposent une opportunité pour dépasser (le fameux leapfrogging) les premières étapes de l'industrialisation et transformer l'économie basée sur l'agriculture de subsistance en une économie de services, d'informations à valeur ajoutée et de connaissances qui puisse être compétitive sur le marché mondial. Pour arriver à cela, l'estimation du gouvernement propose un délai de 20 ans.

La guerre civile a en effet décimé ou déplacé une forte proportion de personnes compétentes que seuls des efforts intenses sur l'éducation pourra remplacer.

Il est certain que le bilinguisme officiel (anglais/français) est un atout en la matière et que l'absence de ressources naturelles impose une recherche d'autres modes de développement. Une phrase est cependant symptomatique de la vision du monde dans lequel s'inscrirait le développement des TIC : "But if the Internet can make geography irrelevant, that gives Rwanda a chance." Bien qu'il s'agisse sous la plume des auteurs de géographie physique en terme de ressources, une fois de plus nous retrouvons le mythe d'un internet désincarné, immatériel, qui se joue des frontières et de l'inscription territoriale, tout autant géographique, qu'historique, économique ou sociale.

Le Rwanda sera l'un des quatre projets pilotes de l'initiative Imfundo qui sera lancée par Tony Blair l'an prochain et qui a pour objectif le développement des TIC dans les pays du Sud, sur une complémentarité de fonds publics et privés. L'éducation sera au coeur de l'effort de l'aide du projet Imfundo en ce qui concerne le Rwanda. La question de garder sur place les personnes compétentes reste posée, ici comme ailleurs, ceci étant dû d'ailleurs autant aux volontés individuelles qu'à la nécessité des organisations de continuer à former son personnel, créant ainsi des manques de qualifications sur place, au mieux de manière temporaire.

Pour certains observateurs, cette volonté gouvernementale cache une autre stratégie. En se plaçant ainsi dans le courant du discours dominant, en répondant positivement à la demande plus ou moins explicite de certains pays qui cherchent des partenaires compétents au Sud, l'objectif serait plutôt d'attirer l'investissement extérieur. Sans doute les deux stratégies vont-elles de pair. Le danger étant bien entendu que cette dernière prenne le pas sur la première et valorise plus les retombées de l'image de marque que la consolidation des éléments sur lesquels se base cette image. Fonder une dynamique sur une image de marque, même fausse, est une stratégie efficace tant que des efforts sont fait pour que la réalité corresponde à cette image. Ce sera au gouvernement rwandais de ne pas oublier certaines leçons de l'histoire.

L'article du Guardian Unlimited : http://www.guardianunlimited.co.uk/internetnews/story/0,7369,411105,00.html

Projet Imfundo : http://www.imfundo.org/

Eric Bernard

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Responsable du projet :
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Directrice de recherche CNRS
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F- 33607 PESSAC CEDEX
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