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L'île Maurice : un paradis branché ?

novembre 2002

Thot, le site web de l'Agence de la Francophonie consacré à l'éducation à distance s'est de nouveau enrichi d'un bel article plein de poésie écrit par Louis-Martin Essono qui nous fait partager son séjour, à visée professionnelle, à l'île Maurice. La publication de son article donne l'occasion de faire un petit état des lieux des avancées des technologies de l'information et de la communication dans cet État insulaire.

Ce pays de 1,2 millions d'habitants (ce qui est à peu près équivalent à la population de la Gambie ou de la Guinée-Bissau) a décidé il y a déjà plusieurs années de prendre résolument le tournant des NTIC par une politique gouvernementale volontariste. Bien que le secteur primaire soit encore significatif dans le produit intérieur brut, la conversion de l'ensemble de l'île en 1970 en zone franche a assuré le développement de l'industrie et de certains services à haute valeur ajoutée. En matière de NTIC, les indicateurs de l'île Maurice sont difficilement comparables avec ceux du continent africain (Afrique du Sud exceptée) :

Indicateurs
(année 2000)
Maurice
Moyenne Afrique Sub-saharienne (moins Afrique du Sud)
Télédensité (lignes téléphoniques fixes pour 1000 habitants)
23,53
0,75
Nombre d'ordinateurs pour 100 habitants
10,05
0,47
Utilisateurs internet pour 10 000 habitants
728,91*
21,45
Abonnés téléphonie cellulaire pour 100 habitants
15,08
0,56

Source : UIT, 2001
*Note : En 2001, ce taux est passé à 1316,47.

L'île Maurice serait-elle pour autant le paradis branché que les chiffres ébauchent ? Un Las Vegas virtuel ? La libéralisation totale du secteur des télécommunications était prévue en 2003. Elle a été avancée d'une année pour prendre effet dès le 31 décembre 2002. Des entreprises d'informatiques s'installent (par exemple : InfoSys). Une économie se consolide.

La mise en route cet automne de la réalisation de la cybercité et du cybervillage d'Ebène, ville nouvelle près de Rose Hill, laissent également penser que l'île Maurice fonde avec raison son développement sur le "cinquième pilier" de l'économie mauricienne que devrait être le secteur des NTIC. Cette initiative a bénéficié d'un soutien financier de 100 millions de $US de la part de l'Inde, illustrant ainsi un bel exemple de coopération Sud-Sud (sachant que les 2/3 de la population mauricienne est d'origine indienne).

L'île Maurice s'est engagée dans un processus de modernisation de son économie sans résoudre au préalable des questions importantes comme la santé ou l'analphabétisme (bien que ces chiffres diminuent régulièrement).

Indicateurs
Maurice
Analphabétisme (% femmes de plus de 15 ans)
18*
Analphabétisme (% hommes de plus de 15 ans)
12*
Mortalité infantile (pour 1000 naissance)
16**
Source : Banque mondiale. * 2001 ** 2000

Le secteur des NTIC offre en tout cas une incomparable opportunité pour l'intégration de cette île à l'économie mondiale et le gouvernement mauricien semble se donner les moyens à d'y parvenir sans négliger pour autant le développement humain.

Sources :
- Louis-Martin Essono, "Île Maurice : l'insulaire beauté en net.", Thot, 30 novembre 2002,
- L'Express, " SAJ : La cybercité débute l'histoire moderne de Maurice", 29 septembre 2002
- Mauritius Telecom : http://mt.intnet.mu/
- Olivia Marsau : Las Vegas virtuel à Maurice, Afrik.com,10 juillet 2002.

 

Eric Bernard

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Directrice de recherche CNRS
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