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Questions pour le commerce électronique africain

15 janvier 2000


Le commerce électronique se développe partout. Les questions techniques qui se posaient il y a encore peu, concernant la sécurité des transactions, la gestion électroniques des commandes etc... ont fait place à des questions qui dépassent le cadre du logiciel et de la cryptographie. Le problème des coûts des transferts monétaires est encore une autre question qui est laissée ici de côté. Dans le contexte africain, les questions actuelles du monde du commerce électronique ne sont pas à éluder, d'autant qu'elles concernent pour la plupart "le monde réel". Quelles sont ces nouvelles questions pour un commerce électronique africain ?

La première, et peut-être la plus évidente, est le problème de la langue. Il n'est pas spécifique à l'Afrique mais la multitude de langues locales - qui commencent à émerger sur le web en tant qu'outil culturels - oblige à une réflexion spécifique sur l'audience désirée. Le but du commerce électronique est de toucher un public le plus large possible, et surtout plus large que ne peut l'atteindre une localisation physique. Contrairement aux techniques de vente "classiques" le commerce électronique impose une certaine rigidité dans le choix des langues. Un site peut être en plusieurs langues mais il doit l'être dans son ensemble (une publicité papier ponctuelle nécessite moins de travail de traduction et de mise en forme) et de plus il doit être mis à jour dans son ensemble régulièrement, ce qui impose un travail de traduction constant.

Lié d'une certaine manière à cette question linguistique, la question culturelle est également importante. Les américains l'apprennent à leurs dépends. Le commerce électronique a clairement une vocation mondiale. Malheureusement (ou heureusement) les comportements des consommateurs sont différents selon les cultures. A titre d'exemple, le chien mascotte du moteur de recherche Lycos est adaptée à un public habitué au chien de compagnie avec qui la relation affective est forte. Lycos Corée s'est trouvé face à un public pour lequel le chien à une connotation beaucoup moins positive, de nature alimentaire. Ceci implique un choix commercial : soit chercher à se mouler dans une culture globale homogène (mais comment souligner la spécificité locale des produits et services ?) ou bien rester fidèle à un mode de fonctionnement commercial qui limite quelque peu la portée mondiale du commerce électronique. Plus que le web, c'est le commerce électronique qui apportera, en Afrique comme ailleurs, les germes de la culture mondiale, de forte inspiration américaine, renforçant ainsi les interstices du Réseau.

Le commerce électronique possède des impératifs forts en terme d'infrastructures. Le commerce électronique fonctionne 24h/24, 7 jours sur 7. La disponibilité des systèmes est fondamentale pour le commerce électronique. Si le système ne doit pas être trop lent (l'utilisateur est à peine à un clic du concurrent), il est encore plus inconcevable qu'il s'arrête. Forrester Reserach, Cambridge, Mass., estime que le coût d'un arrêt de tels systèmes s'élèvent à 8000$ de l'heure pour les principales compagnies internet faisant du commerce électronique en 1999. Ceci sans compter le fait que ces clients perdus profitent aux concurrents. En d'autres termes, seules les grosses compagnies disposant des infrastructures adéquates peuvent envisager de faire du commerce électronique leur fondement. Pour les autres, il s'agira d'un simple complément qui peut s'avérer préjudiciable en terme d'image de marque et de fuite des consommateurs chez les concurrents. On peut alors imaginer un certain transferts des services de ce type sur des serveurs occidentaux, ce qui serait très préjudiciable à l'internet africain.

Enfin il n'y a pas de commerce électronique sans systèmes fiables de stockage et de livraison de qualité dans le monde réel. Car une fois la commande passée, encore faut-il l'honorer. Toujours d'après Forrester, 46% des sites américains faisant du commerce électronique refusent des commandes de l'étranger faute de pouvoir les honorer. Au delà de la capacité propre de l'entreprise à produire et à stocker, ce sont toutes les questions d'infrastructures de transport, de régulation sur les passages de frontières qui sont ainsi concernées et qui dépasse largement le cadre de l'entreprise proprement dite. Les questions politiques proprement dites et celles de politiques économiques dans les relations entre pays ne peuvent pas non plus être ignorées.

A titre de rappel, le commerce électronique représentait 18 milliards de dollars en 1999. Il est estimé à 305 milliards de dollars en 2003.


Source :
- Le monde, supplément Le monde interactif mercredi 12 janvier 2000, "L'e-commerce reste local" par Francis Pisani, p.VII.
- Susan Fisher, "E-Business redefines infrastructures needs", janvier 2000, http://www.infoworld.com/articles/hn/xml/00/01/10/000110hnetrend.xml

Eric Bernard

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